Acrylique sur papier Karine Cañadas

Qui n'a jamais fait preuve de lâcheté ? Qui n'a jamais souffert de la lâcheté, de la part d'êtres chers ou d'un inconnu ? La lâcheté est au quotidien, dans les petits oublis conscients, les écarts que l'on nomme mensonge, les excuses à demi-mots sans profondeur mais aussi les grandes blessures que nous infligeons aux autres.

La lâcheté est mariée avec le regard de l'autre, ce regard miroir qui va heurter notre orgueil, notre ego, notre peur de mal faire, de ne plus être aimé.  Mais sommes-nous conscients de ces états intérieurs ? De ces comportements ? De cette lâcheté qui nous habite, fuyant devant notre acceptation, notre humilité, notre amour, de cette peur de décevoir ?

Nous avons tous des exemples de lâcheté, de ces amis qui à travers un sms, nous transperce gratuitement de leur remarque ou commentaire sur notre vie. De ces êtres qui vous abîment votre voiture sans laisser de numéro de téléphone. De ces "réponses" toutes faites pour ne pas répondre à un mail ou appel téléphonique ... "j'étais occupé, je n'ai pas reçu le message, j'ai oublié de te répondre ...".

Mais d'où vient cette lâcheté ? Quelle est cette part de nous qui fuit ? Qui a peur ? Qui se sent "petit" ou "arrogant" et qui refuse en fait la confrontation et d'assumer ses fautes, ses manquements, ses erreurs. La souffrance nous conduit souvent à la lâcheté, à ce refus d'admettre notre incompétence, notre absence d'amour à un petit copain que l'on "largue" par texto. Souvent la lâcheté vient pour éviter de blesser l'autre, mais ne serait-ce pas nous-même que nous protégeons ?

Dans une entreprise lors d'un conflit, les employés peuvent voir leur DRH qui normalement est formée pour gérer les difficultés, mais quelle latitude a-t-elle ? Est-elle soumise à son directeur ? A son propre responsable ? Si le directeur de son entreprise est un "mauvais" manager et que les employés se plaignent, ira-t-elle confronter son directeur ? Risquera-t-elle sa place pour un autre en disant la vérité ? La lâcheté vient souvent avec les compromis, essayant de garder l'équilibre mais en restant tiède face à la vérité donc à la justesse.

Avons-nous conscience de notre lâcheté ? Il est toujours plus facile de voir celle des autres, les petites mesquineries, les ressentis tronqués, les prétextes frauduleux, les excuses maladroites. Mais que faisons-nous face à ces lâchetés du quotidien ? Laissons-nous faire ? Sommes-nous dupes ? Ou jouons-nous le jeu afin que tous soient complices tout en gardant notre petite illusion de vie tranquille ? Nous savons que tout le monde ment et nous acceptons faute de mieux, c’est le théâtre de la vie humaine.

Pour sortir de cette lâcheté, il faut certes du courage pour dire la vérité sans violenter l'autre dans sa sensibilité, en respectant ses peurs, ses difficultés. Mais à un moment, il est nécessaire d'être vrai quand une situation dérape et affecte toute une famille, un groupe d'amis, une équipe, un orchestre. Sans cette vérité où est l’amour ? Mais sommes-nous capable de l’entendre ? Sommes-nous capables d'aimer assez pour dire la vérité 

Qui ne dit mot, consent, dit le proverbe. Ainsi, sans rien dire, nous devenons complice de cette lâcheté et par extension nous sommes donc tous lâches. Nous restons sur le mur, indécis, ménageant le chèvre et le choux de peur que ...

Parfois nous ne pouvons pas "tout dire" car ce n'est pas le moment, mais nous pouvons exprimer que nous ne sommes pas en accord avec cette situation. C'est un début, puis chacun pourra regarder en lui, pourquoi nous sommes arrivés à une telle situation dans notre couple, notre amitié, notre partenariat. 

La lâcheté se fait souvent par automatisme, sans toujours s'en rendre compte et si un être nous le fait remarquer, suivant notre état d'être, nous pouvons réagir violemment car pris la main dans le sac, ou avec amusement.  L'auto-dérision étant une belle répartie à condition qu'elle ne soit pas feinte.

L'humain est une richesse d'observation, de comportements laids et merveilleux, de succès, d'échecs, d'apprentissage ... mais ne serait-ce pas là, la saveur de la vie ? Apprendre à se connaitre, grandir ensemble et arrêter de fuir les confrontations, se réfugiant lâchement devant les écrans ou dans les livres pour ne plus "subir" l'autre et sa lâcheté ?

A chacun de regarder où se cachent ces moments de petites lâchetés mais qui peuvent devenir grandes à tout moment. Les fautes, les erreurs, les manquements font partis de l'existence et nous devons vivre avec, mais en gardant cette lâcheté dans notre coeur, dans nos émotions, notre âme s'alourdit, devient triste, s'éloignant de sa vraie nature, jusqu'à devenir l'ombre de soi-même. Le sourire et l'apparence de la paix et de la joie, ne sont que des façades car si ces lâchetés perdurent elle continuent de faire couler notre navire, nous engloutissant avec notre orgueil et nos blessures.

L'antidote de cette lâcheté passe par le pardon à soi, puis à l'autre d'avoir menti, d'avoir fui, d'avoir blessé ceux que l'on aime. Car si nous oublions ces épisodes douloureux, ils restent gravés dans les livres de notre karma. A nous d'y travailler pour ne pas nous enlaidir et rester légers pendant ce voyage d'une vie.

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